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Hommage à Robert LANCESSEUR (1891-1916)

 

Robert LANCESSEUR est le fils de Ferdinand LANCESSEUR (1860-1937) et de son épouse Louise GAILLARD. Il est né le 12 mars 1891 à Rouen, quatrième d'une fratrie de six enfants : Fernand (1886), René (1887), André (1889), Robert (1891) , Marie- Thérèse (1893) et Jean (1901).

Robert termine son doctorat en médecine, mais souhaite partir au front. Ses trois frères ainés y sont déjà et il a l'impression de manquer à son devoir. Après plusieurs démarches infructueuses pour partir, Robert est finalement affecté ...à Verdun.

 

Six jours seulement après le début de la plus longue et meutrière bataille du XXème siècle, il sera tué le 27 février 1916, par un éclat d'obus qui transperce son casque. Il soignait les blessés à un poste de secours. La veille de sa mort, dans l'enfer des bombardements, il se fait donner l'absolution et écrit sa dernière lettre à ses parents.

Le poste de secours où il est tombé, restera désigné par les soldats pendant toute la bataille,  comme, 

"Le poste Lancesseur" .

 

Pour ses parents, Ferdinand et Louise dont les trois fils ainés sont encore au front, pour sa jeune soeur Marie-Thérèse et son frère Jean qui n'a que 15 ans, c'est une terrible épreuve. A leur domicile de Rouen, Ferdinand et Louise recevront un courrier considérable témoignant des très grandes valeurs morales et religieuses de Robert. Vous en trouverez quelques extraits ci-dessous.

Ferdinand, René et André reviendront heureusement vivants du front.

Extrait de l'article du Docteur Karl FELGEN , Membre du Groupe d'Histoire des Hôpitaux de Rouen, paru en février 2016, dans le Bulletin du Conseil de l'Ordre:

Robert LANCESSEUR

"Le 21 février 1916, l’artillerie allemande fit tomber une pluie d’obus sur les lignes françaises.

C’était le début de la bataille de Verdun qui dura trois cents jours pour s’interrompre le 21 décembre 1916 après avoir fait plus de 300 000 morts dans les deux camps. Au cours de cette terrible bataille, les jeunes médecins auxiliaires, souvent en première ligne, payèrent un lourd tribut.

Le premier de nos étudiants à périr sous Verdun, fut Robert Pierre Jules Lancesseur.

Né à Rouen le 12 mars 1891 où ses parents habitaient 35, boulevard Beauvoisine, il fit ses études dans cette ville et préparait son doctorat à Paris. Mobilisé le 12 août 1914, il fut nommé médecin auxiliaire deux semaines plus tard et fut initialement affecté au 74e RI avant de passer au 8e RI.

Le 27 février 1916, à la ferme d'Handremont à Fleury devant Douaumont, alors qu’il tenait son poste de secours et soignait des blessés, il fut pris sous un violent tir d’artillerie et reçut un éclat d’obus à la tête qui perça son casque.

Il s’éteignit quelques instants après dans les bras de son médecin en chef. Il allait avoir 25 ans."

Texte de la dernière lettre écrite par Robert à ses parents et à sa soeur , la veille même de sa mort

Samedi 26 février 19h

 

Départ à 3h du matin, ventre vide. Monsieur Fourd... et moi nous nous faisons donner l'absolution par l'abbé Bernard aspirant à la 4ème compagnie. 

Maintenant nous sommes plus tranquilles bien qu'on sache que la compagnie devra aller à l'assaut à son arrivée et que les boches bombardent térriblement. - J'écris ces mots à l'abri dans un fossé avec quelques brancardiers. Nous avons eu cinq tués et quatre bléssés par une marmite et je suis resté pour les panser. Pendant ce temps, le bataillon repréré s'en allait plus loin. Après avoir transporté les blessés au poste de secours du régiment dans le village de Fleury, nous avons attendu avant de rejoindre le bataillon parce que le bombardement est devenu terrible et nous sommes couverts de terre toutes les 10 minutes environ.; un petit éclat d'obus me blesse superficiellement près de l'oeil gauche.Tout à l'heure, je vais sortir de notre abri improvisé et tâcher de rejoindre le bataillon avant 4h, heure à laquelle il doivent partir pour le relever. Sinon j'aurai beaucoup de mal à les rejoindre ne m'orientant pas du tout dans ce pays inconnu dont je n'ai pu me procurer la carte.

 

Si je ne reviens pas ce qui est très possible étant donné la violence du bombardement, vous saurez mon cher Papa, ma bonne maman et toi ma petite sœur chérie que je suis mort en chrétien en faisant mon devoir, Adieu ! Adieu !!

Lettre d'un de ses camarades adressée à un autre groupe de ses amis

...X m'écrit qu'elle ombre de tristesse a jeté parmi les medecins de l'hôpital la nouvelle de la mort de Robert.

Pendant les six mois que nous y avons passé ensemble, la pensée de ne pas prendre sa part de souffrance et de danger lui était insupportable et à ce sujet nous avions de longues discussions, je lui disais qu'avec trois frères au front, sa famille donnait déjà beaucoup au pays et que d'ailleurs, comme médecin, il faisait son devoir là ou on l'avait envoyé.

Il ne voulait rien entendre et fit des démarches pour partir au front...plusieurs n'aboutirent pas ! Dans les premiers jours d'avril 1915, son affectation à un régiment d'infanterie arriva et ce fut pour lui un grand bonheur, car cette fois sa conscience était tranquille.

Je puis dire, qu'il reste qu'il avait fait le sacrifice de sa vie sans arrière pensée et avec une bonne volonté qui tirait toute sa force de convictions religieuses très fermes.

Ces convictions religieuses qui guidèrent sa vie toutes les années que je l'ai connu avaient fait de lui le chrétien le plus doux et le plus résigné, aussi le Bon Dieu lui a donné certainement la Grande Récompense, et c'est pour vous tous ses amis la meilleure consolation à notre chagrin...

Si vous passez à Verdun....

Si vous passez à Verdun, visitez l'Ossuaire de Douaumont et recueillez-vous un instant devant la plaque commémorative gravée en souvenir de Robert LANCESSEUR. Elle est située à gauche en entrant, tout à fait au fond, sur la voute en haut à gauche.

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